- morasse
-
morassen. f. IMPRIM Dernière épreuve, avant l'impression, d'un journal mis en pages.I.⇒MORASSE1, subst. fém.IMPR., PRESSE. Dernière épreuve d'une page destinée à une révision générale, tirée avant le serrage définitif des formes. Feuilleton composé aux six lignes près sur la morasse (VILLIERS DE L'I.-A., Corresp., 1880, p.284). Il l'emmena dans une pièce sombre et encombrée de paperasses, qui lui servait de bureau, et, tout en corrigeant des morasses, il le mit au courant de son emploi (ARLAND, Ordre, 1929, p.140). C'était un homme de petite taille, sans coquetterie, occupé à corriger les morasses de son journal (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p.138).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist.:[1845 d'apr. BL.-W.2-5, 1853 d'apr. BL.-W.1]; 1867 (DELVAU). Orig. incertaine. Prob. dér. de more, var. de maure; suff. -asse, à cause de la couleur sombre de cette épreuve. Cf. FEW t.6, 1, p.552a. Bbg. DAUZAT Ling. fr. 1946, p.324. — L'Inform. par P. Albert, F. Balle... Paris, 1977, p.43.
II.⇒MORASSE2, subst. fém.Arg., vxA. — Ennui, tourment, danger. Si vous êtes tous d'accord il y aura un bon chopin et sans morasse (VIDOCQ, Vrais myst. Paris, t.1, 1844, p.47).B. — Battre morasse. ,,Crier au secours`` (ESN. 1966). Il n'y a pas à craindre [pour ce cambriolage] que le riflard batte morasse (que le bourgeois crie au voleur), car il ne couche pas là (RABAN, MARCO SAINT-HILAIRE,Mém. forçat, t.2, 1828-29, p.85).Prononc.:[]. Étymol. et Hist. 1. 1803 battre morasse (d'apr. ESN.); 2. 1815 morace «tourment» (Chanson de Winter ds ESN.). Soit dér. de morre, forme anc. de mourre, terme de jeu; suff. -asse, p. allus. aux mouvements rapides de la main et aux exclamations répétées qui caractérisent ce jeu (cf. FEW t.6, 3, p.237a et 238b, note 30); soit issu, par altération, de l'ital. battere la moresca «faire du tapage», emploi fig. de cette loc. signifiant proprement «danser la moresque» (v. mauresque), cf. BATT. et ESN., s.v. moresque.
morasse [mɔʀas] n. f.ÉTYM. 1845, ital. moraccio « noiraud », de moro « noir » ou (P. Guiraud) de l'adj. franç. more « noir ».❖♦ Techn. Dernière épreuve, faite généralement à la brosse, lorsque la mise en pages du journal est terminée.1 Morasse (…) ne figure pas dans le Dict. général, bien qu'ancien (…) Hugues Destrem, qui avait fait ses débuts de journaliste sous l'Empire, m'a témoigné que ce mot était d'un usage courant à cette époque; il se rappelait qu'à la suite d'un incident le Gouvernement avait annoncé qu'il ferait saisir les morasses d'un journal.2 Une fois qu'une page est justifiée, que le secrétaire de rédaction responsable a relu la morasse, qui est l'épreuve de cette page, que la forme est serrée, le reste des opérations est purement technique et échappe aux journalistes, sauf dans le cas exceptionnel de la découverte d'erreurs très graves.Philippe Gaillard, Technique du journalisme, p. 96-97.
Encyclopédie Universelle. 2012.